Voilà plusieurs semaines que la fraîcheur n’arrive pas à nous soulager la nuit. La nature est dans une sorte de léthargie, la vie se passe tôt le matin et tard le soir, les plantes ont soif.
l’herbe croustille sous mes pieds, j’arpente les pâturages pour voir si la végétation résiste. On a de la chance, le territoire est vaste, j’ai toujours de l’herbe verte à mettre devant le nez de mes brebis. Mais gare au piétinnement! À chaque endroit où leur pied se pose, les plantes sont écrasées et sous l’influence de la chaleur, elles crèvent.
Les brebis s’enfoncent avec délectation dans ces friches d’herbes jaunes, pour fouiller en dessous et trouver de la nourriture fraîche et appétissante. Je vois seulement quelques dos blancs, et la végétation qui bouge m’indique l’emplacement du troupeau.
La journée commence au lever du jour, bien avant que le soleil se pointe, pour que les bêtes mangent pendant une fraîcheur tout à fait relative. Une fois que le chaleur est là, les brebis se mettent à l’ombre, même si elles ont encore faim. Il faut être vigilant sur les horaires.
Je me débrouille de les parquer au bord d’une mare ou d’un étang, et elles passent la journée à « cluner » (chômer). Il est temps pour moi de rattraper le sommeil qui m’a manqué dans la nuit, car le soir je retourne, je les fais manger jusqu’à la nuit, et je ne dors pas assez.