Notre troupeau est tondu deux fois par an. Nous récoltons à peu près 400kg de laine par tonte. La laine grossière est devenue une matière sans valeur marchande à l’état brut, et c’est un crève cœur d’en jeter une grande partie chaque année faute de filière valorisante. En effet, la laine française part pour plus de 90% dans le marché mondial où elle est peu côté. Ceci parce qu’en France nous avons une multitude de races de brebis différents et donc une multitude de qualités de laines différentes. Le bas prix de la laine n’incite pas les éleveurs d’en faire une récolte dans les règles de l’art. Il n’y a guère qu’une transformation artisanale. Par contre, c’est un milieu très riche et dynamique. L’association ATELIER laines d’Europe en est une preuve.
Quand on vit de son troupeau de brebis, on a bien trop de laine pour pouvoir la transformer artisanalement. Actuellement nous transformons 100kg par an, et nous espérons pouvoir arriver à faire 200kg.
Toujours à la recherche de pouvoir valoriser plus de laine, je suis tombé sur un article, parlant d’une usine en Suisse qui transforme la laine en granules de compost. Je suis séduit par l’idée: pouvoir proposer un fertilisant naturel, à décomposition lente, intéresserait sûrement nos clients, et on pourrait en déposer dans nos points de vente. Sur leur site on peut lire que c’est un produit qui se rapproche de par sa composition chimique à la poudre de corne, qui, en général importé d’Inde ou du Brésil, n’est pas très écolo du coup. Plus loin, on apprend que les granules de compost à base de laine améliorent aussi la structure de la terre, grâce à son effet éponge, qui retient l’eau dans le sol et l’aère. En plus ils ont un effet anti-limaces!!
En se renseignant un peu, on apprend que la laine est riche en azote, potassium et phosphate. Les racines des plantes sont mieux oxygénés et l’humidité stagnante est évité. Les nutriments de la laine sont délivrés aux plantes en continu pendant une longue période. Les vers de terre décomposent la laine qui se transforme en humus. Les granules sont incorporés dans le sol au printemps ou ajoutés dans le trou de plantation.
Me voilà partie pour la Suisse, mon pays d’origine, à la découverte du fertilisant à base de laine. Grace à la coopération entre Pierre Paul et moi, ce genre d’expédition est possible. Il garde les brebis, et pendant ce temps je peux lancer une nouvelle activité de l’entreprise. Je suis partie avec 220 kilos de laine et j’ai ramené 200 kilos de granules de compost. J’espère que cette nouvelle activité aidera à approcher le but de valoriser la production laine au même titre que la production agneau.